Les plus anciens habitants de la Kabilie orientale auraient été les Khitones, qui, au dire de Ptolémée, habitaient à l’embouchure de l’Amsaga. Assujettis tour à tour aux Massesyliens et aux Maures d’occident, ces peuples tombèrent ensuite sous la domination romaine. L’invasion gélulienne du deuxième siècle mit fin à leur existence, et ils furent remplacés dans leurs demeures par les Gédalousiens, venus du désert et qui s’établirent sur la côte autour d’Igilgili.
La tribu porta le nom de « Ukutamanorum » sous les Romains, puis de « Ucutamani » sous les Byzantins et de « Kutama » sous les Arabes. |
Lors de la décadence de l’empire, les Babares ou Sababares, que Plolémée avait connus dans le désert, se mirent, à leur tour, en mouvement et se jetèrent sur le Tell. Les Babares s’établirent dans la Kabilie orientale et ont conservé jusqu’à nos jours leur nom (Babor), leurs moeurs et leur caractère indépendant.
Au temps où les Gédalousiens nomades s’emparaient des environs d’Igilgili, une autre peuplade, venue également du sud, dite les Zamazes ou Zimizes, vint s’établir à l’embouchure de l’Amsaga cl dans les montagnes de Collo, où les montre la table de Peutinger. Les Zamazes durent étendre leurs domaines vers l’ouest d’Igilgili, ainsi que semble le démontrer le nom qu’ils ont laissé jusqu’à nos jours au canton de. Ziama, entre Gigelli et Bougie.
Nous reproduirons plus loin un monument épigraphique, découvert récemment, sur lequel figure le nom des Zimizes.
Les Kédamousiens de Ptolémée, qui ne sont autres que les Ketama des généalogistes arabes, étaient également venus du sud s’installer dans les montagnes de la Kabilie orientale. Une inscription antique que nous avons relevée au col de Fedoulès, entre Gigelli et Constantine, porte, entre autres choses, les mots :
qui nous fixe sur la région habitée par celte peuplade ketamienne pendant la domination romaine. L’indication d’un évêque Cedamusensis dans la Selifienne, nous montre que, sous les Vandales, les Ketama occupaient encore leurs premières demeures, et nous les voyons, après l’invasion musulmane, acquérir une immense puissance.
Le territoire originel probable de la tribu des Kutama est attesté par une inscription latine découverte au col de Fdoulès au sud d’Igilgili (Jijel), à l’un des derniers cols avant la descente sur Milev ( Mila). Un roi des Ucutumani se dit en latin esclave de Dieu (Dei servus).
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« Les Ketama, brave et puissante tribu berbère, nous dit Ibn-Khaldoun, sont regardés par les généalogistes de leur nation comme les enfants de Ketam, fils de Bernés. Les écrivains arabes les font descendre des Himyérites. Après l’introduction de l’islamisme, à la suite des bouleversements causés par l’apostasie des Berbères, cette tribu se trouva établie dans la majeure partie de la province de Constantine.
Les Ketama possédaient même toutes les villes importantes de cette région, puisque, entre les montagnes de l’Aurès et le rivage de la mer qui s’étend depuis Bougie jusqu’à Bône, ils occupaient Ikdjan, Setif, Baghaïa, Negaous, Belezma, Tiguisl, Mila, Constantine, Skikda, Collo et Gigelli (1). »
(1) lbn-Khaldoun, t. I, p. 76.
– Histoire des ville de la province de Constantine, Charles FERAUD.