La fontaine miraculeuse du pays des Ketama est signalée par El-Bekri, géographe arabe du Xie siècle de notre ère. Cette fontaine est située chez les Beni-Foughal, au pied d’une montagne appelée el-Meïda, et à côté du village d’el-Aïoun ; ses eaux, parfois abondantes, vont se perdre dans le lit de l’oued Djendjen.
«Dans le pays des Ketama, dit El-Bekri, il y a une source bien connue qui se nomme Ain-el-Aoucat, la Fontaine des heures; elle coule cinq fois dans l’espace d’un jour et d’une nuit, précisément aux heures des cinq prières, dans le courant des mois sacrés (le 1er, le 7e, le 11e et le 12e de l’année musulmane).
Dans les intervalles, elle ne coule pas. Cette fontaine est située au milieu des montagnes des Ketama, non loin du port de Sebiba (Mansouria), qui vient après celui de Bougie, »
Le médecin Abou-Djâfer Ahmed ibn Mohammed ibn Abi-Khaled dit, à propos d’une certaine source qui ne coule que dans les mois sacrés : « Chez nous, en Maghreb, dans le pays des Kétama, il y a une source bien connue, qui se nomme AÏN EL-AOUCAT «la fontaine des heures »; elle coule cinq fois dans l’espace d’un jour et d’une nuit, précisément aux heures des cinq prières. Dans les intervalles elle ne coule pas.»
Plus loin, dans notre chapitre sur les ports de mer, nous indiquerons le lieu où cette source se trouve . Plusieurs personnes qui sont allées la voir et l’examiner en racontent la même chose que le médecin (1).
Le port de SEBÎBA, qui vient après celui de Bougie, est dominé par les montagnes des Ketama. L’AÏN EL-AOUCAT «la fontaine des heures », située au milieu de ces montagnes, est bien connue; quand chaque heure de la prière arrive, les eaux commencent à couler, et quand la prière est terminée elles s’arrêtent tout à fait. De ce port les navires se rendent à DJEZÎRAT-EL-AFÏA, île d’où l’on se dirige vers le port DJÎDJEL.
Cette ville, qui est maintenant habitée, renferme quelques débris d’anciens monuments. Les montagnes Ketamiennes, qui dominent toutes ces localités, renferment du minerai de cuivre que l’on transporte en Ifrîkiya et ailleurs. Cette montagne fournit aussi du lapis-lazuli d’excellente qualité. Du port de Djîdjel l’on se rend à celui d’Ez-Zeitouna «l’olivier»; c’est là que commencent les DJEBAL ERRAHMAN, vaste montagne qui s’avance dans la mer, vis-à-vis de l’île de Sardaigne (2).
Aïn-el-Aoucat est désignée aujourd’hui sous le nom de Aïn-el-Mechaki, la Fontaine des doléances. Les populations environnantes viennent en pèlerinage se purifier dans ses eaux, qui, comme par le passé coulent par intermittences.
Parfois, lorsqu’un crime avait été commis, on amenait encore naguère, au pied de la fontaine, ceux qui étaient soupçonnés d’en être les auteurs : si les eaux ne coulaient pas dans un laps de temps assez rapproché, la culpabilité était établie.
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(1), (2) El Bekri, Par. MAC GUCKIN DE SLANE.
المسالك والممالك، أبو عبيد البكري. 1014