Liste des officiers et volontaires blessés ou tués en la descente faite à Gigeri (1664)

C’est à la courtoisie de M. le marquis de Courcival que nous devons ce curieux document. Il l’a retrouvé dans les manuscrits de Conrart, conservés à la bibliothèque de l’Arsenal , en y faisant des recherches sur sa famille , dont plusieurs membres étaient de l’expédition du duc de Beaufort contre Djidjel.

 Aout 1664. — Copie de la relation envoyée à M. le Duc de Mercoeur par l’écrivain de la barque du patron Charles-Estienne de Marseille.Djidjelli 1664, Gigeri

L’armée arriva au port de Mahon , le huit du mois passé, puis elle joignit les galères de S. M. et celles de Malte. —Le 17 on fit voile vers la côte de Barbarie où elle fut, le 20, ayant mouillé devant Bougie et essuyé quelques volées de canon des forts. Le 20 toute l’armée ayant remis à la voile avec un temps assez favorable, côtoya jusques à Gigery où les galères ayant remorqué les navires tout se trouve à 6 heures du matin du 23 au devant de cette place et du fort.

On en tira cinq ou six coups de canon qui n’empêchèrent point le débarquement des troupes portées en même temps à terre par toutes les chaloupes de l’armée avec tant de diligence qu’à dix heures du même matin elles attaquèrent la place avec vigueur.

Elles y entrèrent dans le reste de ce jour. Sur le soir, quelque résistance ou défenses que les barbares fissent qui ne furent pas petites, y ayant eu quatre cents hommes des notres tués et autant des infidèles, l’attaque se fit. Tandis que nos galères canonnaient le fort M. le Duc de Beaufort y mit pied à terre à la tête de toutes les troupes. Il y combatit avec conduite et courage et se montra partout où le danger estoit. On trouva la ville abandonnée sur les cinq heures et les barbares fuyants de tous cotés qu’on poursuivit jusques à la montagne. Le reste du jour et la nuit a été employé à se retrancher, faire des fossés et toutes les défenses nécessaires.
On les poussa si loin et si diligemment qu’il y eut dans 24 heures après, quarante pièces de Canon en batterie et les retranchements si avancés qu’on se crut à couvert de toutes les forces des barbares qui sont venues diverses fois pour attaquer nos défenses, mais assez inutilement ce qui donna lieu de mieux espérer encore lorsque les travaux seront plus avances. On trouve le port bon , fort commode et à couvert de tous vents.

 

Liste des officiers et volontaires blessés ou tués en la descente faite à Gigeri, dans l’Afrique.

 

Le chevalier de la Rochefoucault a eu un doigt emporté d’un coup de mousquet.
Le chevalier de Fontaine-Martel a eu un coup de mousquet au travers la cuisse, mais qui n’est pas dangereux.
Le chevalier de Méré, capitaine aux gardes a reçu deux coups de pierre dans la jambe et un coup de mousquet dans le corps dont il n’est que légèrement blessé.
Le chevalier d’Assigny, lieutenant aux gardes, a recu deux coups de mousquet, l’un qui lui a percé le bras, l’autre le talon.
Prescoubs, lieutenant aux gardes, a reçu deux coups de pierre dans la tète et deux coups de zagaye dans la cuisse. •
Le chevalier de Chily, cadet de la cie de Brandon a été tué et haché par morceaux.
Le chevalier de Champigny, cadet de la cie de Marigny, tué d’un coup de mousquet.
Le chevalier de Pille, cadet de la Cie de Hautefeuille, tué aussi d’un coup de mousquet.
Du Lut, fils du Baron du Lut de Provence, cadet dans la cie de Hautefeuille, tué et emporté par les Maures.
Le chevalier de Chasteaurenaut , portant le mousquet dans la Cie d’Assy, tué d’un coup de mousquet qui lui perça la main.
Bouillé la Cie de Méré, blessé d’un coup de zagaye dans la cuisse.
— Belle-Croix, lieutenant de la colonelle de Picardie, tué d’un coup do mousquet.
D’Estournelles Bragelogne , cadet dans la ci° de Marigny, a reçu un coup de mousquet dans le corps dont il ne mourra pas.
Du Belloy, cadet dans la Cie de Marigny, blessé d’un coup de mousquet à l’oreille.
Marcieux, de la. ci° du Fay, a reçu un coup de mousquet au travers du corps dont on croit qu’il mourra.
— Petit, aide de camp a reçu un coup de mousquet qui lui perce l’épaule.
Rassilly, lieutenant aux gardes, a eu le bras cassé d’un coup de mousquet, qu’il lui a fallu   couper.

La Glassonniere, gentilhomme de M. de Vivonne, blessé d’un coup de mousquet à la cuisse.
— Un page de M. de Vivonne, blessé au bras.
— De Launoy, ingénieur du Roi et huissier de sa chambre, blessé d’un coup de mousquet au visage.
— De Gautier, gentilhomme provençal, un des aydes de M. le Cher de Cherville, tué d’un coup de    mousquet.
— La Bonneville, tué d’un coup de Mousquet et son camarade aussi dont je ne sais pas le nom,
— Lamas-Maillon , tué.
Du Bataillon de Malte:
— Le chevalier de Fabrègue; blessé d’un coup de mousquet au pied.
— Le chevalier de Révusset, tué d’un coup de mousquet au bras.
— Le chevalier de St-Ouen, blessé d’un coup de mousquet.
— Le chevalier de Segré, blessé.
—Le chevalier de Rousset; blessé à la cuisse. •
— L’aide major du Bataillon de Malthe, tué de deux coups de zagaye, et outre cela, 303 soldats tués sans les blessés,
— Amorrhy, dans la cie de Brandon, blessé d’un coup de zagaye, au bas du ventre.
— Poncon, cadet dans Picardie, blessé d’un coup de mousquet à la cuisse.
— Pommié, cadet clans la d° de Hautefeuille, blessé d’un coup de mousquet dans la cuisse.
— Javear, volontaire dans le bataillon de Malthe.

(Bibi. de l’Arsenal. Manuscrit vol. 5428. Fonds Conrad, t. XVII.)

 

Nb:  ZAGAYE : Arme dont se servent les Mores, qui est une espèce de javelot qu’ils lancent avec grande adresse à cheval

Source : Revue de l’Afrique française et des antiquités africaines, Tome IV – cinquième année 1886. P.217

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