L’affaire du brick français « l’Indépendant », le 1er janvier 1839.

De Valée au Ministre de la Guerre (Archives du Gouvernement Général, E. 135)

Alger, le 23 février 1839

M. le lieutenant-général commandant la province de Constantine me rend compte qu’il vient d’être prévenu par le chérif de Djidjelli que le brick français « l’Indépendant », capitaine Brun, parti d’Alger avec un chargement de blé pour le compte de l’Etat, avait fait naufrage, le 1er janvier dernier, sur la côte à quelque distance de Djidjelli et que les Kabaïles, après avoir blessé un des neuf hommes de l’équipage, les ont fait prisonniers et ne veulent les rendre qu’au moyen d’une rançon. Le lieutenant-général de Galbois a chargé le khalifa du Sahel d’envoyer chercher ces matelots français et de donner provisoirement en otages des Arabes d’une tribu du Sahel, celle de Béni Fergan, jusqu’à ce qu’on ait réglé le prix de la rançon.

Je réponds au général que, si le temps affreux, qui se prolonge si longtemps cette année, ne mettait pas un obstacle insurmontable à tout mouvement de troupes, ce ne serait pas à prix d’argent que l’on devrait traiter pour la délivrance de ces Français, mais qu’il faudrait punir par les armes ces indigènes de l’acte barbare dont ils se sont rendus coupables. J’ai toutefois approuvé forcément les démarches qu’il a faites et j’en attends le résultat.

Ce sera au gouverneur général à se rappeler en temps opportun l’infâme conduite des Kabaïles de ce canton. L’occupation de Mila et de Djemila rendra facile tout ce qu’on voudra entreprendre dans ce but.

Source: Correspondance du maréchal Valée, T.III, P.39.

 

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

 

Le début de 1839 avait vu notre influence s’établir d’une façon définitive sur les régions de Constantine, Philippeville et Mila, par la construction des routes allant sur Stora vers le Nord et sur Djemila vers l’Ouest — notre occupation faisait rapidement tache d’huile.

Un incident grave venait de se produire à Djidjelli, nécessitant notre intervention.

« Le 1″ Janvier 1839, le brick L’Indépendant, qui transportait d’Alger à Bône des blés de l’Intendance, battu par la tempête dans les parages de Djidjelli, était venu s’échouer entre cette ville el l’embouchure de l’Oued Djendjen.

Les Kabyles du voisinage pillèrent la cargaison et emmenèrent en captivité les gens de l’équipage, demandant, pour les relâcher, une rançon de 6.000 francs »(1).

Sur l’ordre du Général Galbois, des observations furent faites aux Kabyles. Des pourparlers eurent lieu, où notre cause fut défendue avec loyauté et dévouement, par les frères BOURBOUNE, d’une part et le Marabout Moula Chekfa, d’autre part. La famille Bourboune alla jusqu’à s’offrir en otage auprès des coupables et reçut de la France la récompense qu’elle méritait.

Les efforts n’aboutirent qu’à une réduction des exigences des Kabyles. La rançon fut ramenée à 4.500 francs.
Les captifs furent rendus, mais l’affront fait à notre drapeau demandait une autre sanction.

On décida à Alger une expédition sur Djidjelli, dès que les beaux jours le permettraient. Cette expédition punitive devait coïncider avec l’expédition sur Sétif, par Djemila, dont nous parlons dans les pages précédentes.

(1) Histoire de Djidjelli, par A. Retout.

 

 

Laisser un commentaire