Nos lecteurs connaissent la déconverte faite au mois d’octobre dernier par la Société « Mundet africa » de quatre tombes phéniciennes, au lieu dit « Rocher des Voleurs ».
La Municipalité de Djidjelli prévint aussitôt les autorités administratives et MM. Albertini, Directeur des Antiquités Algérienne et Christofle, Architecte en chef des Monuments Historiques. ont chargé une mission archéologique de faire de nouvelles recherches. On trouve à Djidjelli en abondance les deux modes de sépultures phéniciennes : les simples fosses creusées dans le roc qui seraient le plus anciennes et les caveaux de famille creusés aussi dans le roc et auxquels on accède par un puits rectangulaire.
La ville est littéralement entourée de nécropoles, sur le rocher Picouleau et entre celui-ci et le mur du cimetière européen, on trouve à la fois des fossés et des caveaux, ces derniers effondrés en partie.
Tout autour de ln Vigie et plus au Nord, en bordure de la mer, il y a deux nécropoles du type le plus ancien. Certaines sculptures, nous en avons compté trois, se modèlent sur le corps humain et présentent une cavité pour recevoir la tète du mort. Ces deux nécropoles arrivent jusqu’au cimetière musulman.
On trouve à la pointe noire, une longueur d’environ deux cents mètres en partant de l’anse des Beni Caïd, plusieurs centaines de tombes des différents genres : simples fosses et caveaux avec ou sans escaliers.
Certaines de ces sépultures fouillées; vers 1884 par le lieutenant Dufour, chef du Bureau arabe, sont parfaitement visibles. D’autres se signalent à la surface du sol par le rectangle qui donne la forme du puits, mais la plupart sont invisibles parce qu’elles sont recouvertes de terre végétale et d’arbustes • elles ne pourront être décelées que par fouilles méthodiques. Toutes ont été isolées il y a très longtemps, probablement à l’époque romaine, les fouilles du lieutenant Dufour et celles faites par la mission ont cependant amené des découvertes importantes.
Il n’existe pas en Algérie de nécropole phénicienne où les caveaux soient aussi nombreux et aussi bien conservés. Leur nettoyage méthodique et l’aménagement d’une voie d’accès feraient de la Pointe Noire une curiosité touristique de tout premier ordre. Les sépultures trouvées à la Mundet sont peu nombreuses, mais elles étaient intactes et présentaient encore en place lors de leur découverte, la grande dalle de grès qui depuis de nombreux siècles fermaient l’entrée du caveau.
De nombreux objets, surtout des vases de toutes dimensions et de toutes formes y avaient été déposés à coté des morts. Ils sont maintenant dans les bureaux de la Compagnie en attendant leur affectation.
De simples tombes creusées dans le roc sillonnent la ligne de collines rocheuses qui va du fort Horain au fort Duquesne, complétant ainsi le de la ville. La comparaison minutieuse des objets découverts et de ceux déposés dans les collections publiques permettra de préciser la date de ces nécropoles. ‘
ALQUIER.
Conservateur du Musée de Constantine.
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L’IMPARTIAL, le 16 fevrier 1929