La révolte de Bel-Ahrech contre le Bey Osman de Constantine – (1803)

Au commencement de la révolte de Bel-Ahrech

Tombeau du Bey Othman, Bey OsmanUn cherif marocain, nommé El-Hadj-Mohammed ben El-Ahrech (1), avait, vers le commencement du siècle, accompagné, en Orient, la grande caravane des pèlerins, dont le commandement lui était échu, de concert avec plusieurs autres personnages, ce qui lui avait valu le titré de Bou-Dali. Parvenus en Egypte, les pèlerins avaient trouvé le pays occupé par l’armée française (campagne de Bonaparte en Egypte) et la plupart d’entre eux s’étaient joints aux champions de la Guerre Sainte contre l’étranger. Notre cherif y acquit un grand renom par son courage et ses prouesses et fut employé par les généraux anglais. Comblé de cadeaux par eux, il reçut notamment, un fusil à trois coups, grande nouveauté pour l’époque, et il devait en tirer un grand parti.

En 1803, il est embarqué, avec une partie de ses compagnons, sur des navires anglais, afin de rentrer en Maghreb ; mais ses protecteurs le déposent, avec quelques-uns de ses hommes à Tunis ou à Bône, et il n’est pas téméraire de penser qu’il était porteur d’une mission, plus ou moins déterminée des officiers anglais. Il vint d’abord incognito à Constantine, afin de se bien renseigner sur les hommes et sur les choses du pays ; puis, il se lança dans les montagnes, atteignit Djidjeli, après avoir sondé le terrain sur sa route, et s’établit dans l’oratoire de Sidi-Zitouni ( Oued Z’hour).

Bel-Ahrech, le Bou-Dali, était un homme de haute taille, alors dans la force de l’âge, à la figure énergique, ornée d’une barbe rousse. Il portait la livrée des Derkaoua, c’est-à-dire des vêtements en loques, affectant des allures d’ascète. Doué d’une éloquence persuasive, il daignait faire le récit de ses prouesses en Egygte, et enflammait l’imagination des Kabiles en leur annonçant de graves événements. Il se disait l’ami des Anglais qui avaient chassé le Français de l’Egypte et donnait à entendre que la Berbérie ne tarderait pas à être purgée de la tyrannie du Turc.

En peu de temps, il acquit une influence énorme et se prépara ouvertement à la lutte, si bien que la petite garnison turque de Djidjeli, ne se sentant plus en sûreté, s’embarqua une belle nuit, abandonnant son poste, en quoi elle fut imitée par la nouba de Kollo (1804).

Notes:
(1) Nous avons trouvé les détails sur ce cheikh dans : Féraud,  » Zebouchi et Osman-Bey« .— Le même, « Nouveau document» (Société archéologique,1873-1874). — Berbrugger,  » Un cherif kabile en 1804  » — Vayssettes, « Histoire des beys ». — D. Luciani, « Les Oulad-Athiade l’Ouad-Zehour ». — Les diverses histoires locales de Féraud, etc.,

Bel-Ahrech, maître de Djidjeli, entreprend la course; puis s’établit près de Kollo.

— Devenu maître de Djidjeli, sans avoir eu la peine de combattre, le cherif leva le masque. Il se revêtit d’un magnifique burnous vert et entra en campagne. Il se fit céder par un kouloughli, nommé Ahmed ben Dernali, un petit bateau armé et équipé et, laissant la ville sous le commandement du précédent, il s’embarqua pour donner la course aux navires français. Près de La Calle, il rencontra de malheureux corailleurs de l’île d’Elbe, qui étaient venus se réfugier dans une anse, afin d’échapper à un corsaire anglais. Faire main-basse sur ce qu’ils possédaient et se saisir de ces malheureux, ce fut, pour le Bou-Dali, l’affaire d’un instant. Puis, il remit à la voile et aborda sous le cap Seba-Rous (Bougaroun) où il débarqua avec ses prisonniers, au nombre de cinquante-cinq.

Remontant la vallée de l’Ouad-Zehour, il déposa ses prises au lieu dit Djerab (ou Djerrah, selon M. Luciani), se fit construire un village dans cette retraite pour ainsi dire inaccessible, et s’y établit avec une belle Kabile du pays qu’il avait enlevée. Ses prisonniers, traités avec la plus grande barbarie, manquant de nourriture et d’abri, décimés par lui à plaisir, furent les principaux artisans de ses travaux (juin-septembre). Un vent de révolte soufflait alors sur la Kabilie, car un autre marabout, nommé Abd-Allah-Zebbouchi, mokkadem de la confrérie de Sidi-Abd-Er-Rahmane, dont le centre était à Redjas, non loin de Mila, s’était mis, en même temps, à prédire la fin de la domination turque, et avait provoqué des troubles dans cette région.

Sans trop s’émouvoir de ces manifestations et sachant qu’on n’a rien à gagner en sévissant contre des gens qui se disent illuminés par la grâce divine, Osmane-Bey tenta de rappeler Zebbouchi à des sentiments plus calmes, en lui adressant des messagers de paix. Ceux-ci ayant échoué, il lui supprima les prérogatives et avantages dont les beys l’avaient comblé.

Bel-Ahrech, allié au marabout Zebbouchi, lève l’étendard de la révolte,

— Aussitôt, Zebbouchi se transporta dans les montagnes des Arrès, sur la rive gauche’ de l’Oued-El-Kebir, où il possédait beaucoup d’adhérents, et, de là, fit proposer au Bou-Dali de joindre ses adhérents aux siens et de marcher sur Constantine pour en expulser le Turc infâme. Le cherif accepta avec empressement et les Kabiles furent convoqués pour la guerre, dans la plaine de Meredj-Souker. Les deux grandes tribus des Beni-Fergane et Beni-Amrane y envoyèrent tous leurs contingents auxquels se joignirent des volontaires des régions voisines. Les deux marabouts les passèrent en revue, et le Bou-Dali déploya, à cette occasion, les ressources de son esprit inventif. Monté sur une magnifique jument, il exécuta une grande fantasia et remplit d’étonnement les sauvages montagnards en faisant partir, trois fois de suite, le même fusil.

Quand les esprits eurent été ainsi préparés, on entendit soudain la voix d’un compère, caché dans un trou, s’écriant : « Levez-vous ! Mohammed-Bel-Ahrech sera votre libérateur, et Dieu vous livrera Bône, Constantine et même Alger!»

Les rebelles marchent sur Constantine et l’attaquent.

— L’effet produit fut indescriptible, et, de toutes les poitrines, s’échappa le cri : « Marchons sur Constantine ! » répercuté par les échos de la vallée. Aussitôt cette tourbe fanatisée s’ébranle, se précipite vers le sud, grossie à chaque pas par de nouveaux adhérents et arrive d’une seule traite au pied du Chettaba.

Un rassemblement, dont le chiffre a été évalué à 60.000 personnes, campe sur le versant de la montagne et en garnit toutes les pentes, à l’entour de Sidi-M’hammed-El-R’orab (Salah-Bey). Constantine est en face de ces gens, et, à leurs pieds, s’étendent les jardins du Hamma et de la vallée qui descend de la ville: Un grand nombre de Kabiles se répandent dans cette fertille campagne et la mettent au pillage, sans écouter la voix sacrée des marabouts impuissants, à empêcher leur dispersion. L’attaque avait été si soudaine, que personne n’était préparé à la résistance à Constantine.

Le bey Osmane se trouvait en voyage du côté de Setif, dans la tribu des Righa, avec une colonne légère pour faire rentrer les impôts. La ville était restée sous le commandement du cheikh El-Blad, Ahmed ben El-Abiod. De concert avec le cheikh El-Islam, M’hammed ben El-Feggoun, il prit énergiquement les mesures nécessaires, c’est-à-dire qu’on ferma et barricada les portes et que tous les hommes valides furent appelés sur les remparts.

Indiscipline des assiégeants. — Leur fuite désordonnée. —

Cependant, le désordre était à son comble dans le camp des rebelles et les marabouts cherchaient en vain à les rallier, pour les entraîner à l’assaut. Tout à coup, un cri s’élève et se propage dans cette tourbe :  » Voilà le bey qui nous charge ! » et, aussitôt, la déroute commence : chacun veut être le premier dans cette course. On se bouscule, on tombe, on se relève et une nouvelle poussée fait rouler à terre les fuyards. La panique est à son comble et ne peut être arrêtée qu’à Ouldjet-El- Kadi (1). Les rebelles ont été victimes d’une erreur inexplicable, car personne ne les a attaqués.

Bou-Dali en profite pour sermoner ces lâches; il leur fait honte de leur folie et, afin de leur donner une leçon salutaire, il ordonne d’apporter tout le butin produit par le pillage : « C’est l’amour des biens de la terre qui vous a tourné la tête ! » leur dit-il, et, aussitôt, il prescrit que tout soit détruit par le feu.

Bel-Ahrech ramène les Kabiles et donne l’assaut.

— Débarrassés de ces viles préoccupations et brûlant du désir de faire oublier leur lâcheté, les Kabiles reprennent, pleins d’ardeur, la route de Constantine, où ils ont juré d’entrer. Cette fois, c’est un torrent irrésistible qui s’avance. Les rebelles franchissent le ravin de l’Ouad-El-Malah, gravissent les pentes du Koudiat et, bientôt, couronnent ce mamelon. Puis, ils en descendent comme une avalanche, entraînés par le cherif et viennent se ruer sur la porte Bab-El-Ouad. Bou-Dali, qui a traîné à sa suite les survivants de ses prisonniers chrétiens, les arme de haches et leur ordonne de défoncer la porte, au pied de laquelle il les conduit en personne.

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(1) Atrois kilomètresau-delà du pont de la route deMila

 

Mais, les citadins et les soldats, qui défendent la place, sont à leur poste, pleins de résolution. Les canons et les fusils, braqués sur cette masse humaine, y font des trouées profondes. Néanmoins, le cherif est toujours au premier rang; il a promis la victoire et annoncé qu’il était invulnérable; aussi, les vides se comblent-ils sans cesse.

Déroute des Kabiles. — Fuite de Bel-Ahrech. — Arrivée du bey.

— Tout à coup, le cherif chancèle : on n’en peut croire ses yeux…. cependant, il tombe et ses hommes le relèvent et l’emportent; il a été frappé d’une balle à la cuisse. Aussitôt, l’enthousiasme qui animait cette foule, s’évanouit pour faire place à la terreur et au découragement, car il n’est que trop certain que le Bou-Dali a menti en annoçant son invulnérabilité. La retraite commence, mais se change bientôt en déroute, car le bey accourt est, cette fois, la nouvelle est vraie. Ses cavaliers couronnent les hauteurs et fondent sur la masse des fuyards, tuant et renversant tout ceux qu’ils atteignent.

La cavalerie d’Osmane-Bey rejoignit le gros des insurgés à Bou-Keceïba, sur l’Ouad-El-Ketone et en fit un épouvantable carnage. Le terrain resta jonché de cadavres et les Kabiles demeurèrent cachés dans leurs montagnes pendant plus d’un mois, avant d’oser relever et enterrer les restes de leurs parents.

Quant à Bel-Ahrech, il avait été transporté dans sa retraite de Djerah, où il faisait soigner sa blessure, fort grave, et dont il devait rester estropié. Grâce à la fermeté et au courage de ses habitants, Constantine avait échappé à un grand danger. Ben-Labiod, secondé par le cheikh El-Islam, bien que pris au dépourvu, avait su tirer parti des ressources locales; enfin, le bey Osmane, par sa diligence et sa vigueur, eut le bonheur de dégager sa capitale, en saississant, avec opportunité, le moment de stupeur qui s’était produit parmi les Kabiles, et en écrasant avec une poignée d’hommes la masse des agresseurs (1).

Félicitations du Dey aux Constantinois.

— La nouvelle de ces événements causa à Alger une terreur d’autant plus grande, que le parti anglais faisait courir le bruit que la révolte du Bou-Dali était provoquée par la France et que des Français étaient à sa tête. Aussi, le dey envoya- t-il à Constantine, sans retard, une communication dans laquelle, après avoir félicité les habitants de leur courage et le bey de son activité, il prescrivait à celui-ci de se mettre en campagne et de ne pas rentrer avant d’avoir saisi le cherif, mort ou vivant, et détruit tout germe de révolte.


Expédition d’Osmane-Bey dans la région de l’Ouad-el- Kébir (El Milia)

 

— Dans le courant du mois d’août 1804, Osmane- Bey quitta Constantine, à la tête d’une colonne composée de 4.000 fantassins turcs et zouaoua, avec quatre pièces de canon et 3,500 cavaliers auxiliaires, parmi lesquels se trouvait le goum de Ferdjioua, commandé par son cheikh, Ahmed, petit-fils de Chelghoum (2). Le bey arriva sans encombre à El-Milia et y établit son camp. Il procéda alors à une sévère enquête et fit exécuter les gens les plus compromis de la tribu des Oulad- Aïdoun. Sur ces entrefaites, un marabout du nom de

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(1) Féraud, « Zebbouchiet Osmane-Bey» (RevueAfricaine,n- 32 p. 120).— Le même, « Les Harrars » (Revue Africaine,n° 107 p. 358, — Le même,« Nouveau Document » (Société Archéologique,1873-74). — Berbrugger, « Un Cherif Kabile en 1804, n° 15 p, 209 et suiv.). — Vayssettes, « Histoire des beys » 460 et p. suiv. —Luciani, « Les Oulad-Athia de ï’Oued-Zehour» (Revue Africaine, no 195, 196 et suiv.)

(2) Aprè savoir été évincé par son oncle, Chelr’oum n’avait pas tardé à mourir ; puis Maggoura l’avait suivi dans le tombeau. Derradji, second fils de Chelghoum, s’étant débarrassé de son frère aîné, El-Mebarek par l’assassinat, avait reçu l’investiture du Ferdjioua, mais il avait été, à son tour, tué par son neveu Ahmed,fils de Mebarek, qui l’avait remplacé.

Ben-Bagheriche, établi aux Beni-Sebih, se présenta à Osmane Bey, comme pacificateur, entre lui et les Kabiles, affirmant, que par son intermédiaire, tous étaient rentrés dans le devoir; il obtint ainsi leur pardon.

Cependant, le bey réclama le cherif comme condition de l’aman et il lui fut promis, par le marabout et ses amis, qu’on le lui livrerait. Mais les jours s’écoulèrent sans qu’on le vit paraître et, effrayé par la colère et les menaces du bey, Bén- Bagheriche lui annonça que le Bou-Dali se trouvait alors chez les Mechate qui n’osaient l’arrêter. « Une manifestation militaire serait nécessaire », ajouta-t-il.

Une partie de la colonne du Bey est attirée dans une embuscade.

— Aussitôt, Osmane désigne à cet effet un corps de troupes et en confie le commandement à l’agha Ben-Tchanderli Braham. C’est Bagheriche qui, servira de guide.

Les soldats partent et s’enfoncent dans les ravins profonds de cette région, forcés bientôt de se séparer et de marcher à la file, par des sentiers, au milieu de massifs forestiers. Tandis que la colonne a ainsi perdu la cohésion qui fait sa force, un groupe de gens, des Ouled- Athïa apprennent à ceux qui la conduisent que le cherif est bien loin de là. Cette nouvelle augmente la confusion, chacun se rendant compte qu’on est tombé dans un piège ; mais l’incertitude est de courte durée, derrière chaque broussaille paraissent des fusils et les coups de feu retentissent dans le ravin. Les balles pleuvent sur les Turcs qui reçoivent la mort de la main d’ennemis invisibles et roulent au fond du ravin. Ben-Bagheriche est tué un des premiers, ce qui tendrait à faire croire qu’il n’était pas complice de la trahison.

 

Osmane-Bey se porte au secours de ses soldats. — Il est défait et tué. — Désastre de la colonne.

— Cependant, après le premier effet de la surprise, un groupe important de soldats turcs avait pu se rallier, se retrancher et résister, tout en envoyant prévenir le bey de la situation critique où ils se trouvaient. A cette nouvelle, Osmane, laissant ses bagages au camp d’El-Milia, se porta au secours de son lieutenant. Il’ divisa ses forces en trois corps et, après avoir dispersé, lui-même, les Beni-Habibi à coups de canons, dégagea les survivants de la malheureuse colonne, qui depuis quatre jours étaient bloqués et luttaient en désespérés, sous le’ commandement de l’agha.

Cette satisfaction obtenue, le bey fit commencer la retraite, mais il ne tarda pas à se heurter à des rassemblements hostiles formés par les contingents des tribus qui l’avaient laissé passer en allant. Après avoir en vain essayé de forcer le passage, il se décide à tourner la difficulté en se lançant dans une gorge profonde et encaissée qui porte pour cela le nom de Kheneg, près du passage faisant communiquer le pays des Beni-Fergane avec celui des Beni-Bel-Aïd. Fatale détermination ! car les Kabiles l’y attendaient, et cette voie par laquelle il avait espéré leur échapper, allait le conduire à sa perte. Lorsqu’il se trouve bien engagé dans ce ravin, une fusillade nourrie éclate de toutes parts; il veut former son monde pour résister et s’ouvrir un passage ; mais, il est assailli par une grêle de pierres et de quartiers de rocs qui descendent en bondissant du haut de la crête. Le fond du ravin est formé par une énorme fondrière, dans laquelle viennent rouler morts et blessés.

En vain, Osmane-Bey se multiplie pour sauver la situation. Tout à coup, son cheval, frappé d’une balle, se cabre et l’entraîne en tombant dans le bourbier. De partout les agresseurs se précipitent avec des cris horribles; chaque soldat se voit entouré de dix assaillants; ce n’est plus une bataille, c’est une tuerie où périt toute la colonne. On dit que le marabout Zebbouchi, présent à l’action, acheva de sa propre main Osmane-Bey et lui coupa la tête, qu’il envoya à Bel-Ahrech. En même temps, le camp d’El-Milia était attaqué, enlevé et pillé par les Kabiles. De toute cette colonne, il ne rentra à Constantine quelques fuyards isolés, terrifiés par les horreurs auxquelles ils avaient assisté.

Parmi les victimes se trouvaient Ahmed ben Mebarek, cheikh du Ferdjioua, frappé d’une balle aux côtés du bey. L’émotion fut profonde dans la ville, chacun s’attendit à voir reparaître les rebelles et se prépara à la lutte (1).

Osman Bey ben Mohammed, le Borgne (1803 -1804), tombeau

Osman Bey ben Mohammed, le Borgne (1803 -1804), tombeau

Inaction de Bel-Ahrech..

— Mais, le Bou-Dali restait dans sa retraite et occupait ses loisirs à torturer ses prisonniers. On ne comprend pas qu’après le désastre du bey, les marabouts ne soient pas venus entraîner de nouveau les Kabiles à l’assaut de Constantine. Peut-être se rendirent-ils compte qu’ils ne seraient pas suivis, car ces montagnards hardis et opiniâtres chez eux semblent perdre leurs vertus guerrières, lorsqu’il s’agit de combattre loin de leurs foyers.

Règne d’Abd-Allah-Bey.

— Dans cette conjoncture, le dey d’Alger s’empressa d’envoyer, pour remplacer Osmane à Constantine, un Turc nommé Abd-Allah ben Ismaïl, en le chargeant d’en finir le plus tôt possiblsavec le cherif. Le nouveau bey arriva, en novembre 1804, dans son chef-lieu, où il fut accueilli par la population comme un libérateur. Il apporta une lettre du dey félicitant la population et lui promettant qu’elle ne serait pas abandonnée.


 

Rupture entre Bel-Ahrech et Zebbouchi. — Défaite et fuite de Bel-Ahrech.

— Pendant ce temps, une rupture éclatait entre les deux marabouts — ce qui était inévitable — et Zebbouchi se retirait en emmenant ses contingents. Resté seul, le Bou-Dali chercha à organiser la résistance; mais, il était toujours souffrant et se faisait porter en litière par ceux de ses captifs qui avaient échappé à sa fureur. Vers la fin de décembre, une colonne était partie de Constantine à sa recherche ; il essaya de l’éviter ou de l’attirer dans un terrain favorable,; mais, ayant été rejoint sur le territoire des Beni-Fergane, il parvint à s’échapper en abandonnant ses bagages et neuf de ses prisonniers qui recouvrèrent ainsi la liberté (janvier 1805).

Le cherif gagna la région de Bougie où nous ne tarderons pas à le retrouver. Il est probable qu’il avait espéré rencontrer un asile à Djidjeli, berceau de sa puissance. Mais, vers le même moment, le reïs Hamidou, célèbre corsaire, se présentait devant cette ville, afin de s’emparer de Ben-Dernali, lieutenant de Bel-Ahrech. Malgré les quatre navires de guerre qu’il avait amenés, il ne put déterminer la population à lui livrer Ben-Dernali et se borna à brûler, dans le port, le bateau du pirate.

Révolte des Derkaoua dans les provinces d’Oran et d’Alger.— Bel-Ahrech attaque Bougie.— Il est repoussé de partout.

— Le 25 juin 1805, une révolte éclata à Alger à la suite du meurtre de Busnach, commis par un janissaire. Pendant plusieurs jours, les Juifs furent massacrés et leurs maisons mises au pillage. Le 30, Ahmed, khodja-el-kheil, était élu dey, et Moustafa périssait sous le fer de ses soldats. Depuis le printemps, la province d’Oran était le théâtre de la révolte des Derkaoua, qui avaient poussé l’audace jusqu’à venir assiéger le chef lieu. L’insurrection gagna jusqu’à la région de Sour-El- Rozlane.

Bel-Ahrech, qui appartenait à la confrérie des Derkaoua, jugea le moment favorable pour recommencer la lutte, et, dans le mois de février 1806, il vint, à la tête d’une bande de partisans, attaquer audacieusement Bougie. 

N’ayant pu surprendre cette ville ainsi qu’il espérait, il se retira ; puis, avec le concours des Beni-Zoundaï, Oulad-Salem, Oulad-Aziz et Oulad-Salah, il envahît et ravagea le fertile territoire des Dehamcha. Mais le bey envoya, en toute hâte, de Constantine, une colonne qui surprit le cherif dans son camp à Bou-Redine, chez les Richïa, et le força à la fuite, après avoir tué un grand nombre de ses partisans.

 

 

Le Bou-Dali, qui avait trouvé un refuge dans le massif du Babor, contracta alliance avec Ben-Barkate, marabout des Oulad-Derradj, et, soutenu par lui, fit une incursion dans la Medjana. Les Mokrani le mirent en déroute à Mag’ris, et, peu après, il essuyait une nouvelle et décisive défaite chez les Rabla, à la suite de laquelle il passa pour mort. Cependant, on considère comme probable qu’il put rejoindre le cherif des Derkaoua, dans la province d’Oran, et qu’il y fut tué en 1807 (1).

 

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(1) Delpech,Résumé sur le soulèvementdes Derkaoua(RevueAfricaine, 103 p. 36 et suiv.). — L. Fey, histoire d’Oran, p. 292 et suiv. — Valsin-Esterhazy, Dominationturque, p. 202 et suiv.

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Source : Histoire de Constantine, Ernest Mercier, 1903,  P.308

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    Kotama

    ثورة الحاج محمد بن عبد الله بن الأحرش البودالي سنة 1801.
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    الحاج محمد بن عبد الله بن الأحرش الذي أشتهر لدى العامة بالبودالي قدم إلى جيجل في ظروف غامضة قصد الإستقرار بها. و هناك بدأ يخطط لثورته ويتصل بالقبائل الجبلية التي تقطن المناطق الواقعة ما بين جيجل و القل و ميلة.
    و لم يلبث أن أكتسب الأنصار و المؤيدين و أصبحت كلمته مطاعة عند أهالي الوادي الكبير و ناحية وادي أزهور » بني فرقان » و كان في طليعة مناصريه أولاد عيدون، و بني مسلم ، و بني خطاب، مما ساعده على إكتساب تأييد هذه القبائل و أستعدادها للسيير معه إستقراره بزاوية سيدي الزيتوني بجيجل، لتفقيه الناس و تأسيسه معهدا ببني فرقان لتلقين الصبية القرآن و تعليم الطلبة مبادئ الفقه، ثم قيامه بعد ذلك بمحاربة النصارى فسلح عدة سفن و أرسلها لتعقب البواخر الفرنسية التي أعتادت التردد على الساحل الجيجلي للصيد و التجارة، وقد تمكنت إحدى سفنه في صيف 1803 م من الإستلاء على سفينة مرجان تمتلكها شركة فرنسية. و بعد أن قتلوا بعض بحارتها و أسروا أربعة و ثلاثون شخصا و توجهوا بهم حيث يقيم إبن الأحرش بناحية وادي الزهور، و هذا ما دعم موقفه وزاد في إلتفاف الناس حوله.
    و عندما تفطنت حكومة الداي على خطورة الأمر أرسلت أربع سفن مسلحة إلى مرسى الزيتون قرب وادي الزهور لتهدئة القبائل و القبض على إبن الأحرش لكن إخلاص القبائل له فوت الفرصة على حكومة الداي. و يعلن إبن الأحرش الجهاد للقضاء على سلطة البايلك في جوان 1804 و يتوجه إلى قسنطينة في جموع غفيرة قدرت بالستين ألف رجل وكادت المدينة أن تسقط و يضطر إبن الأحرش إلى التراجع بعد أن أصيب بجروح خطيرة في ساقه، فحمل من طرف أتباعه إلى بني فرقان ليعالج من جراحه على يد أحد المشتغلين في الطب من مدينة جيجل يسمى بن سي إبراهيم، و قد ساعدت مهارة هذا الطبيب إبن الأحرش على الشفاء بسرعة و في الوقت الذي شفى إبن الأحرش من جروحه، في شهر أوث من عام 1804 تصل قوات البأي عصمان مشاريف بني فرقان بعد أن عبرت غزالة، وبني صبيح ،ولعشاش و أولاد عيدون وكان الباي عصمان قد أغتر بنصيحة أحد المرابطين من قبيلة بني صبيح يعرف بالمرابط بغريش، الذي هون على الباي أمر القضاء على إبن الأحرش بسبب نفور القبائل منه، ومن دعوته.ويحدث العكس في معركة ملحمية بالخناق ويقتل المرابط بغريش، و يحاول الباي عصمان فك الحصار عليه والتراجع ناحية الميلية، ولكن بدون جدوى ويقتل بناحية أولاد عواط – العرابة حاليا-على يد الزبوشي، ولا يزال قبره إلى يومنا هذا.
    و في سنة 1809 يبعث الداي رسالة إلى المرابط محمد أمقران بمدينة جيجل يطلب منه الإبتعاد عن إبن الأحرش، و يتشك ل وفدا من أشراف المدينة بقيادة سيدي محمد بن أمقران، مفوضا الإتجاه إلى الجزائر العاص مة و طلب العفو و الآمان من باشا الجزائر. و يعود الوفد على متن سفينة الرايس حميدو و الذي نصب بجيجل فرقة تركية تتكون من 50 عسكريا.
    أضيف ان بلحرش قُتل في ما يسمى اليوم ولاية معسكر بعد ان إنضم الى مقاومة الاتراك هناك وكان به جرح غائر في احدى رجليه ،،،،واعتقد ان غياب الزوايا بجيجل يعود بالدرجة الاولى الى ان الاتراك دمروها بسبب تعاونها مع بلحرش وأعيد بناء بعضها ابتداءا من1825لكن تم تدميرها مجددا بسبب وقوفها الى جانب ثورة الشيخ آحداد التابعة للزاوية الرحمانية ببلاد القبائل وآخرها زاوية بن فيالة بتايلمام العنصر ولا تزال حجارتها الى اليوم واعتقد ( لست متأكد) ان بن درويش (العنصر )كان آخر ورثتها..
    ***الصور مجاز الباي مكان المعركة ومقتل الباي عصمان من طرف جيش القبائل بقيادة بلحرش البودالي.
    مدفع الباي عصمان في حديقة بالميلية,يأكله الصدأ.
    منقول
    ****إضافة
    معلومات عن ثورة بلحرش
    * استولى على جيجل وكان فيه 80 جندي تركي فقط.
    *استقر في بني فرقان ووادي الزهور وبنى مدرسة دينية هناك واكتسب تأييد كل قبائل الوادي الكبير…خاصة لما ساعدهم في انهاء سيطرة البايلك والضرائب المجحفة وتحكم اليهوديين بكري وبوشناق في سوق الحبوب.
    * حاصر قسنطينة بعشرين او خمسين الف رجل العدد يختلف حسب المراجع.
    *نظم بلفقون مقاومة قسنطينة وتلقى العون من شيخ فرجيوة…وكان الباي غائب في مسيلة لجمع الضرائب.
    *جرح بلحرش خارج قسنطينة وعالجه طبيب من جيجل في بني فرقان.
    *اتجه الباي عثمان او عصمان الى وادي الزهور عن طريق غزالة سطارة اولاد عربي وكانت التضاريس صعبة واشتبك مع رجال بلحرش وحاول التراجع لكن الاشجار المقطوعة والعراقيل ساعدت في حصاره في الواد قرب اولاد عواط وقتله رجل يسمى الزبوشي ودفن في اولاد عواط.
    *طارد الاتراك بلحرش ويقال انه قتل نواحي معسكر.

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    تجمع بني فرڨان الميلية

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