Igilgilli : Période romaine

Gigelli, Djidjelli, JijelDes traces de la domination romaine subsistent encore sur l’emplacement occupé par Gigelli, et quelques faits remarquables se rattachent à cette époque. Ainsi, des restes de la voie conduisant à Bougie et à Setif (Saldae et Silifis), s’aperçoivent le long du mamelon St-Ferdinand, prenant la direction des Beni-Kaïd.

Ces traces sont, il est vrai, peu nombreuses et ne s’étendent pas très loin ; mais tout fait supposer qu’elles ont été recouvertes assez promptement par les sables de la plage que les vents du nord ouest chassent, tous les ans, plus loin dans l’intérieur des terres.

L’histoire nous apprend que deux autres voies romaines, conduisant à Conslanline et à Bône (Cirta el Hippone), partaient d’Igilgili.  On a retrouvé aussi des restes de jetée sur la partie est de la rade actuelle;

Un aqueduc qui suivait à peu près la direction de la nouvelle conduite d’eau, et des ruines assez bien conservées de thermes, de maisons particulières et de mosaïques; mais aucune de ces ruines ne présente l’aspect monumental qu’on reconnaît sur d’autres points: d’où l’on pourrait conclure que cette ville n’avait qu’une importance secondaire, bien qu’Auguste l’eut élevée au rang de la colonie romaine.

Parce qu’elle était le marché central pour les petites peuplades éparpillées dans l’intérieur des terres de la Mauritanie setifienne.

M. Léon Renier, dans son Recueil des inscriptions de l’Algérie, en mentionne une gravée sur un fragment de colonne milliaire, faisant partie du petit nombre d’antiquités trouvées à la surface du sol, sur laquelle on lit le nom de la ville antique :

 AB  IGILGIL

Dernièrement, M. le capitaine du génie Bugnot, en faisant creuser les fondations de la fortification nouvelle de Gigelli, a trouvé, également entre le fort St-Ferdinand et l’anse des Beni-Kaïd, un nouveau monument épigraphique, bien plus complet que le précédent, et qu’il importe de transcrire (1):

M. Léon Renier l’a traduite ainsi :
 » Bornes placées entre les Igilgilitani, dans les limites desquels est situé le Castellum Victoriae (Chateau de la victoire) et les Zimizes, afin que les Zimizes sachent que, par décision de Marcus Vellius Latro, procurateur de l’empereur, ils n’ont pas droit d’usage autour du Castellum, sur plus de 500 pas à partir du rempart. L’an de la province 89, Torquatus el Libo élant consuls ».

La position du Castellum Victoriae n’a pu être encore déterminée d’une manière définitive. M. Bugnot hésile entre la hauteur de Saint-Ferdinand, où se trouvent des vestiges de ruines romaines, et un autre point un peu plus éloigné, dit

El-Ksar (Mazghitane ?, ndlr), remarquable par un piton dominant un col où passait la voie antique de Gigelli à Saldae. On suppose que, près de là, existait également la station de Horrea entre Gigelli et Ziama.

Igilgili, sous la domination romaine, au temps de Claude, fit d’abord partie de la Mauritanie césarienne. Plus lard, sous le règne de Dioclélien, une nouvelle organisation des provinces la fit passer dans la Mauritanie setifienne.

Revolte des Maures:

En l’an 22, un Numide, du nom de Tacfarinas, souleva les Maures contre la domination romaine. Il fut successivement battu par les proconsuls. Peu de temps après, Tacfarinas recommença la guerre. Ce furent d’abord de simples courses, dont la vitesse le dérobait à toutes les poursuites. Bientôt, il saccagea les bourgades, entraîna après lui d’immenses butins et finit par assiéger, près du fleuve Pagida, entre Cirta et Igilgili, une cohorte romaine. Le poste avait pour commandant Decrius, intrépide soldat, capitaine expérimenté, qui tint ce siège pour un affront.

Après avoir exhorté sa troupe à présenter le combat en rase campagne, il la range devant les retranchements. Elle est repoussée au premier choc. Decrius, sous une grêle de traits, se jette à travers les fuyards, les arrête, et crie aux porte-enseigne : « Qu’il est honteux que le soldat romain tourne le dos à une bande de brigands et de déserteurs. » Couvert de blessures, ayant un oeil crevé, il n’en fait pas moins face à l’ennemi et combat jusqu’à ce qu’il tombe mort, abandonné des siens (1).

[…]En l’an 371, sous le règne de l’empereur Valeniinien, Firmus, chef puissant des tribus mauritaniennes, poussé par des motifs de haine contre le comte Romanus, qui avait cherché à le perdre dans l’esprit de l’empereur, se révolta et entraîna dans son parti de nombreuses tribus. D’après quelques écrivains, on soupçonne même que Firmus prit la pourpre et se fit proclamer empereur, après s’être emparé et avoir livré au pillage la ville opulente de Césarée (Cherchel).

Ces hardis commencements inspirèrent à Valentinien une vive inquiétude, et il envoya pour châtier l’usurpateur le meilleur de ses généraux, le comte Théodose.

Théodose partit sans bruit de la ville d’Arles, avec une petite flotte, et vint aborder à Igilgili, où il trouva le comte Romanus. Il ne se dissimulait pas toutes les difficultés de cette guerre, et nous le voyons, dans Ammien, inéditer son plan de campagne. « L’esprit rempli d’incertitudes, il s’efforçait de trouver par quels moyens il pourrait manoeuvrer sur celle terre, que l’ardeur du soleil avait brûlée, avec des soldats habitués aux frimas du noïd ; comment il parviendrait à surprendre un ennemi agile et insaisissable, et combattant plutôt par surprises qu’en batailles rangées ».

Théodose se rendit à la station de Panchariana, près d’Igilgili, pour y passer en revue les légions d’Afrique qu’il avait réunies. Sa présence et ses paroles excitèrent, au plus haut point, l’ardeur des troupes. Après avoir opéré la jonction des légionnaires et des troupes indigènes, il alla à Setif, et de là à Tubusuctus (Ticlal), dans la vallée de l’oued Sahel, où il commença ses opérations contre les rebelles . Les événements qui survinrent pendant cette campagne, s’étant produits au-delà de Gigelli, nous n’avons pas à nous en occuper ici. Nous nous bornerons à dire que Firmus, trahi et réduit à la dernière extrémité, se pendit pour ne pas tomber vivant entre les mains de Théodose.


Source :
– Recueil des notices et mémoires de la société archéologique de constantine, 1870.
– Histoire des villes de la province de Constantine, Histoire de Djidjelli  Par L.C.Féraud. P.91

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