Par: LOUIS RINN
[…] Il y avait eu, en effet, le 14 février 1871, à vingt lieues en aval de Constantine, une prise d’armes plus dangereuse que celle de Souq-Ahras, en ce sens que, cette fois, c’était une tribu entière qui s’était soulevée et était venue bloquer un fort français. A cette nouvelle, le général Lallemand avait quitté Alger et était arrivé à Constantine pour se rendre mieux compte de la situation.
..A vrai dire, il n’y avait eu ni mot d’ordre d’un chef politique ou religieux, ni revendication sociale, ni protestation contre un acte quelconque de l’autorité locale : l’explosion avait eu lieu subitement, sans cause connue; et c’était cet inconnu qui inquiétait le plus… »
[…] notre action directe sur ces tribus ne s’exerçait que depuis 1860, année où on avait construit le bordj d’El-Milia afin d’y installer un bureau arabe annexe chargé de surveiller les tribus des Ouled-Aïdoun, Mchate, Beni-Tlilène, Beni-Khetab et O. Aouat.
FÉVRIER 13. — Le « Complot » des Ouled-Aïdoun.
En 1864, les tribus de l’annexe d’El-Milia, situées sur la rive gauche de l’Oued-el-Kébir, avaient pris part à l’insurrection du Babor, et leur répression avait été facilitée par le concours très franc que nous avaient prêté les Ouled-Aïdoun, qui, placés sous le canon du bordj, et administrés directement par le chef du bureau arabe, sans l’intermédiaire de caïd, appréciaient la paix et la sécurité dont ils jouissaient.
Ces OuledAïdoun(1), restés indépendants sous les Turcs, avaient d’ailleurs une réputation d’énergie et de décision qui nous avait rendu leur concours très utile. ils étaient nos amis ; aussi, quand le bruit courut avec persistance dans le pays que nous n’avions plus ni armée ni gouvernement, et que nous allions évacuer l’Algérie, les Ouled-Aïdoun furent l’objet des
railleries des autres tribus. Le soff dont ils faisaient partie avant notre installation à El-Milia refusa de les admettre ; des menaces de représailles leur furent faites ; on leur reprochait de n’être plus des musulmans et on les engageait ironiquement à aller demander la protection des juifs et des merkantis que les Français avaient déguisés en soldats(2).
Les Ouled-Aïdoun s’émurent, et, après en avoir longuement délibéré, après s’être convaincus que nous étions impuissants à les protéger, ils déclarèrent aux représentants des soffs rivaux ou ennemis que, pour montrer qu’ils étaient toujours de vrais musulmans, ils se chargeaient, à eux seuls, d’écraser « les quelques moucherons oubliés à El-Milia par les Français(3) ».
Le 13 février au soir, il fut décidé que cent individus des fractions O. Hanech, Ouled-Arbi et O. Bouzid (tous des O. Aïdoun), cacheraient leurs fusils dans la broussaille, près le marché situé à 1,200 mètres du bordj, qu’ils pilleraient les boutiques des marchands, qu’ils tueraient tous les Français isolés, et que le reste de la tribu, profitant du moment où le tumulte aurait attiré le chef d’annexe et les spahis sur le marché, se jetterait sur le hameau, sur le bordj et sur le camp.
Soit qu’ils n’aient rien su, ce qu’il est bien difficile d’admettre, soit plutôt que, partageant la conviction générale de notre impuissance, ils n’aient rien voulu dire, toujours est-il que les chefs et agents indigènes du pays n’avaient donné aucune indication sur ce qui se tramait contre nous. Le capitaine Sergent, chef d’annexe, n’eut connaissance du complot que le 14 au matin, par un paysan des Ouled-Aïdoun n’ayant aucune attache administrative.
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1. Les Ouled-Aidoun forment officiellement deux sections communales ou douars-communes : les Ouled-Debbab (2,000 habitants) ; les Ouled-Kacem (3,000 habitants).
2. Il n’y avait plus que des mobiles en garnison à El-Milia.
3. L’auteur, qui jadis a été chef de l’annexe d’El-Milia, a eu, en dehors des documents
offi ciels, des renseignements très précis par son ancien collègue et ami M. Sergent.
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Les quatre ou cinq Européens de la localité furent aussitôt invités à ne pas se rendre au marché. Les soixante mobilisés des Bouches-du-Rhône, qui composaient toute la garnison sous les ordres du lieutenant Villard ; furent consignés au camp et reçurent des cartouches. Leur chef, avec une douzaine d’hommes, fut posté sur le mamelon Ben-Youcef, un second détachement fut envoyé sur le mamelon Caire, et un troisième dans la direction du marché, derrière les haies des jardins, de façon à couvrir le groupe de maisonnettes et de gourbis constituant le hameau au pied du bordj. Au centre des habitations, au carrefour des deux uniques rues, une réserve reliait les détachements avec le reste de la troupe disposée autour du bordj.
FÉVRIER 14. — * Attaque du Bordj d’El-Milia.
Vers neuf heures, les indigènes, voyant que nous étions sur nos gardes et que ni mobiles ni civils n’allaient sur le marché, pillèrent quelques boutiques en poussant de grands cris et se portèrent, en tirant des coups de fusil, contre les mamelons Ben-Youcef et Caire, où les mobiles étaient retranchés dans les constructions les couronnant.
A ce moment seulement apparurent les trois caïds(1) et les autres agents, qui, ordinairement, les jours de marché, arrivaient de bonne heure au bordj. Ils dirent que la pluie les avait empêchés de venir plus tôt, excuse qu’on fit semblant d’accepter, mais à laquelle le chef d’annexe ne crut pas.La vérité était que ces agents, tous aussi paysans et aussi crédules que leurs administrés, avaient eu peur de se compromettre vis-à-vis de leurs coreligionnaires, et avaient attendu pour se prononcer. La surprise projetée ayant avorté, ils venaient offrir leur concours.
La pluie tombait par intervalles, l’Oued-el-Kébir grossissait et déjà, les communications étaient impossibles avec la rive gauche. Les renseignements donnés par les agents indigènes permettaient de penser que seuls les Ouled-Aïdoun étaient en révolte ; le capitaine Sergent fit le tour dû bordj et s’assura qu’aucune bande armée n’était à proximité.
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1. -Le caïdat des Ouled-Aouat comprenait quatre tribus, aujourd’hui section de commune :
– Les Ouled-Aouat (3,600 habitants) ; les Mcha te (2,460 h.) ; les Djebala (officiellement Ouled-Boulfaa) (1,7500 h.) ; les Taïlmane (500 h.).
Le caïdat des Beni-Tlilène comprenait cinq tribus et des Azels : Beni-Tlilène (3,700 habitants) ; Achech
(officiellement Boucherf) (1,140 h.) ; O. Mbarek (900 h.) ; Beni-Sbihi (600 h.) ; Beni-Caïd (officiellement El-Akbia) (900 h.) ; Azel des Beni-Haroun (2,800 h.).
– Le caïdat des Beni-Khetab-Cheraga quatre tribus, ayant formé sept sections :
1° Beni-Khetab, comprenant : Ouled-Yahia (2,1.40 habitants) ; Ouled-Rabah (2,150 h.) ; Yamidène (1719 h.) ;
2° Beni-Ftah (1,150 h.) ;
3° Beni-Aïcha, comprenant El-Mcid (730 h.) ; Temandjar (1,050 h.) ;
4° Ouled-Ali (officiellement Oued-Addar) (1,450 h.)
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Tout se bornait aux coups de feu dirigés de loin contre les maisons Ben-Youcef et Caire par des individus embusqués dans les oliviers et derrière des rochers. Il était inutile de continuer contre eux une fusillade qui ne pouvait guère avoir d’autre effet que de donner au désordre des proportions qu’il n’avait pas, car les indigènes se grisent et s’affolent à l’odeur et au bruit de la poudre.
Le capitaine Sergent fit sonner « cessez le feu ». Cette sonnerie fut mal comprise par les mobiles des mamelons Ben-Youcef et Caire. Ils battirent en retraite sur le carrefour du hameau, et les insurgés, occupant tout de suite les positions abandonnées, dirigèrent leur feu contre le hameau. Le capitaine Sergent, qui s’y trouvait, remit de l’ordre dans les petits détachements, leur prescrivit de reprendre leurs positions, et alla lui-même, avec le lieutenant Villard, enlever le mamelon Ben-Youcef. Dans cette opération, il reçut une balle dans le mollet, et un des mobiles, se rendant au mamelon Caire, eut le cou traversé. Les mobiles installés, la fusillade recommença, sans effet, des deux côtés.
Le capitaine Sergent remonta au bordj, et, tout en se faisant panser, il donna l’ordre de déménager les maisonnettes, gourbis et tentes du hameau et du camp. Pendant ce temps, des groupes armés d’Ouled-Aouat, Beni-Khetab et Mchate, s’étaient formés entre le bordj et la rivière. Ils n’osaient pas se joindre aux rebelles, et encore moins les attaquer, comme ils en avaient reçu l’ordre de leurs caïds et de leurs chioukhs, dès qu’ils s’étaient montrés. Ceux-ci, en effet, sachant que le télégraphe n’avait pas été coupé et que le chef d’annexe avait passé une dépêche à Constantine, s’étaient prononcés pour nous et faisaient du zèle.
A la tombée de la nuit, les spahis, mokhaznya, caïds, chioukhs et kebar, furent chargés d’occuper les mamelons et le hameau, au lieu et place des mobiles, rappelés au bordj et chargés de fournir un cordon de sentinelles à l’extérieur et au pied du mur du fort. La nuit se passa sans coup de feu, au milieu des conciliabules entre les rebelles et nos partisans.
FÉVRIER 15, 16, 17. — * Continuation des coups de feu sur le bordj d’El-Milia
Le 15 février au matin, près de deux mille indigènes étaient rassemblés autour au bas de l’éminence sur laquelle sont installés le bordj et le petit camp retranché qui domine le hameau. Sur cette position, le capitaine Sergent plaça d’abord un poste de mobiles pour soutenir les défenseurs indigènes du hameau. Mais bientôt des masses de Qbails escaladèrent les rampes du bordj et du camp : ceux en tête criant qu’ils étaient nos amis, ceux de la queue tirant des coups de fusil par-dessus les têtes de ceux qui les précédaient.
Caïds, chioukhs et spahis, une fois entourés par la foule, avaient été les premiers à regagner le bordj. Le capitaine Sergent, voyant qu’ils ne tenaient pas, et craignant aussi que ses sentinelles extérieures ne fussent enlevées, prit le parti de se renfermer dans le bordj. Il y fit entrer les Européens, les spahis, mokhaznya, caïds, cadis, et des chioukhs et des notables présents sur la fi délité desquels il pouvait compter. Parmi ces auxiliaires accueillis dans le bordj se trouvaient les deux marabouts Belgacem-Derouich et Ali-ben-Fiala, qui, en 1860, avaient déjà sauvé quelques Européens du bordj Lacroix.
Dès que la porte fut refermée, les créneaux furent garnis, et on répondit aux coups de feu des rebelles par une mousqueterie bien dirigée, qui, en quelques instants, déblaya le terrain autour du bordj. Le 16 février, les insurgés coupèrent la conduite d’eau, et, la nuit, poussèrent vers la porte du bordj une charrette restée au hameau. Devant la fusillade qui les accueillit, ils furent forcés d’abandonner cette charrette à une dizaine de mètres du mur.
Le 17 février, ils essayèrent de nouveau de l’approcher, mais sans plus de résultat que la veille. Pendant les quatre premiers jours, des individus isolés et embusqués ne cessèrent pas de tirer sur les créneaux du bordj, sans réussir, d’ailleurs, à les enfiler. Puis ils renoncèrent à cet exercice, et on n’entendit plus, de temps à autre, que de bruyants feux d’ensemble provenant de groupes de tribus voisines, qui venaient ainsi témoigner de leur adhésion à la révolte. Mais ces groupes se tenaient au bas du mamelon du bordj, hors de portée de notre feu, et c’est de là qu’ils cernaient et surveillaient les assiégés.
La plupart des agents étrangers aux Ouled-Aïdoun avaient amené leur famille dans le bordj ; mais, parmi ceux originaires de cette tribu, un seul, le spahi Beleulemi, suivit cet exemple. Le bordj, du reste, était assez encombré pour qu’on ne désirât pas avoir plus de monde. Il y avait : 71 militaires, 2 colons, 3 femmes françaises, des enfants, et 180 indigènes des deux sexes.
FÉVRIER 18. — Réunion des sagas(1) de Collo à Aïn-Kechera.
A Constantine et à Collo, dès les premières nouvelles reçues, on s’était préoccupé de porter secours à cette petite garnison.
Le 17, les tribus des Beni-Mehenna, Oued-Guebli et Beni-Toufout, furent invitées, par le capitaine Vivensang, commandant supérieur de Collo, à marcher contre les Ouled-Aïdoun , leurs anciens ennemis ;
dès le 18, à Aïn-Kechera, le capitaine Pont, chef du bureau arabe, avait 817 fusils ; le 19, il en avait 1,400, et il demandait à marcher. On lui prescrivit d’attendre qu’il fût rejoint par 600 mobilisés des Alpes-Maritimes, qui devaient débarquer à Collo le lendemain.
Ils arrivèrent en effet le 23, sous les ordres du capitaine Vivensang, et accompagnés d’un obusier de montagne, servi par une section du 43e mobile. Pendant ce temps, les sagas du capitaine Pont s’étaient encore augmentées :
elles comptaient 2,309 combattants. La présence de ces contingents, animés d’un excellent esprit et bien en main, avait eu déjà pour effet d’empêcher les Ouled-el-Hadj et les Beni-Toufout de se joindre aux O. Aïdoun, et de localiser ainsi le mouvement dans le cercle d’El-Milia.
FÉVRIER 20. — Départ des troupes de Constantine pour El-Milia.
A Constantine, on était à peu près dépourvu de troupes, et on avait télégraphié le 16 au général Pouget, alors à Souq-Ahras, d’arriver tout de suite avec sa cavalerie et une partie de sa colonne. Le 20 février, le colonel de Danconrt, commandant la remonte, était parti de Constantine avec ce qu’on avait pu ramasser d’hommes de tous les corps, et deux compagnies de la milice, qu’il installa à Mechta-el-Nar, transformé en un biscuit ville pour les besoins ultérieurs de la colonne attendue.
FÉVRIER 22. — * Affaire d’Elma-el-Abiod
Le 21, avec le reste de ses troupes, il se portait près Elma-el-Abiod, un peu au-dessous du col.
Le 22, trois compagnies, envoyées en avant pour réparer la route au passage même du col, étaient attaquées par les Beni-Tlilène. Il y eut une fusillade si violente que le colonel Dancourt, envoya trois autres compagnies, composées de jeunes soldats, qui firent aussi une consommation effrénée de cartouches. En fin de compte, après avoir brûlé 35,000 cartouches, on avait blessé ou tué 30 hommes aux Beni-Tlilène, et on avait eu un homme blessé. Ce jour-là, le général Pouget arrivait avec une partie de ses troupes, et campait au col d’Elma-el-Abiod. La nuit, les grand-gardes du camp furent inquiétées plutôt qu’attaquées. Ce fut l’occasion d’un nouveau gaspillage de cartouches, et on dut menacer les jeunes soldats de leur retirer leurs chassepots s’ils brûlaient ainsi des munitions sans nécessité.
La journée du 23 fut employée par le général à organiser un peu ces soldats, qui ignoraient les premiers éléments de leur métier, et n’étaient ni encadrés ni commandés. Il en forma sept bataillons répartis en deux brigades, et il plaça à la tête des compagnies des officiers de n’importe quel corps et de n’importe quel grade, mais ayant l’expérience voulue pour commander.
FÉVRIER 24. — * Combat de Kef-el-Ghorab.
Le 24, la colonne ainsi organisée, avec les colonels Dancourt et Destenay comme chefs de brigade, se dirigea vers le Kef-el-Ghorab, où les gens des Ouled-Ali et des Ouled-Aïdoun s’étaient retranchés sur les hauteurs et dans le village. Aux premiers coups de feu tirés sur notre avant-garde, la cavalerie et l’artillerie occupaient les hauteurs, déblayaient le terrain, et les tirailleurs indigènes enlevaient bientôt de vive force le village. Deux tirailleurs étaient tués, deux autres blessés, et les troupes campaient sur le terrain même du combat.
FÉVRIER 25. — *Engagements et razzia aux Beni-Caïd (el Akbia)
Le 25, sachant que la présence seule de la colonne avait en partie dégagé le bordj, et forcé d’attendre l’escadron mobile de spahis qui lui apportait un ravitaillement de 150,000 cartouches, le général fi t séjour à Kef-el-Ghorab, et envoya une reconnaissance brûler les villages des Beni-Caïd, qui avaient pris part au combat de la veille. L’opération se fit sans trop de difficultés, mais il y eut un engagement dans lequel un clairon de tirailleurs fut grièvement blessé.
FÉVRIER 25. — * Prise du village de Serroudj-di-el-Achech (cercle de Collo).
Ce jour-là, le capitaine Pont, à la tête de ses sagas(1), et marchant en avant-garde, franchissait l’oued Achech et attaquait les villages formant le groupe dit Serroudj-di-el-Achech. Déjà, malgré une vive fusillade qui nous avait tué un indigène et mis hors de combat le chikh Mohammed-ben-Halima ainsi que cinq autres de nos auxiliaires, il avait enlevé et incendié une soixantaine de gourbis. Il allait s’emparer des troupeaux réfugiés avec les femmes sur le sommet du Djebel-Seroudj, quand il reçut l’ordre du général Pouget de rentrer au camp. Les Kebar des Achech s’étaient, en effet, rendus auprès du général, dès les premiers coups de fusil, et ils lui avaient offert des otages pour ne pas être razzés par les contingents indigènes.
FÉVRIER 26. — * Engagements à Kef-Zerzour et à Naïma (El-Milia)
Le 26, les deux colonnes devaient faire leur jonction à Naïma, 8 kilomètres seulement d’El-Milia. Les troupes du général, arrivées les premières, furent attaquées par les rebelles qui occupaient Kef-Zerzour. Il fallut les déloger de ces hauteurs avec l’artillerie et la cavalerie ; deux villages furent brûlés, et, malgré une fusillade très nourrie, nous n’eûmes qu’un seul homme grièvement blessé. La colonne Vivensang arriva sans incident.
Le 27, dès le point du jour, on se mit en route. L’avant-garde, formée des sagas du capitaine Pont, et la première brigade, arrivèrent au bordj sans avoir eu à brûler une amorce. Il n’en fut pas de même de la deuxième brigade, où se tenaient le général Pouget et les mobilisés du capitaine Vivensang.
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1. Saga, troupe d’infanterie ; goum, troupe de cavalerie.
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FÉVRIER7. — *Combats d’arrière-garde de Kef-Zerzour à El-Milia.
A plusieurs reprises, elle eut à repousser des attaques vigoureuses qui s’acharnèrent sur l’arrière-garde et le convoi. On dut faire usage des quatre obusiers dont on disposait pour dégager des fractions serrées de trop près. La compagnie des francs-tireurs du Mansoura eut un homme tué et trois blessés, dont son capitaine, M. de Poulet. Le sous-lieutenant de spahis Pérussel fut cité en raison de l’énergie qu’il déploya pour faire passer le convoi au col de Sidi-Zerzour ; un de ses spahis fut blessé de deux balles, et quatre autres furent démontés.
Les sagas des Beni-Toufout et de l’Oued-Quebli, qui marchaient avec le capitaine Vivensang, eurent un homme tué et quatre blessés. A une heure de l’après-midi, toute la colonne était campée au pied du bordj d’El-Milia.
FÉVRIER 27. — Destruction des villages des Ouled-Amiour aux Ouled-Aïdoun (El-Milia)
Le général donna alors l’ordre au capitaine Pont d’aller avec ses sagas et deux compagnies de tirailleurs brûler les villages voisins appartenant aux Ouled-Amiour (O. Aïdoun), opération qui se fit sans amener aucune perte de notre côté, malgré une fusillade assez vive. Dès le 27, les soumissions commencèrent de tous les côtés ; le général se fit donner quatre cents otages ou prisonniers et neuf cents fusils.
Le 28, la petite colonne Vivensang rentra dans le cercle de Collo. Le 1er mars, elle était à Mers-Zitoun, où on avait pillé un moulin à huile, et, en présence des bonnes dispositions des indigènes, on licenciait les contingents.
A El-Milia, la présence du général et de sa colonne était encore nécessaire pour calmer les esprits et pour arriver à faire livrer par les Ouled-Aïdoun les mauvais sujets et les meneurs, dont l’arrestation est toujours longue et difficile dans les tribus où il n’y a ni personnalités influentes ni djemaa toutes-puissantes. Pour réussir, il faut du temps et de la force, et, malheureusement, de nouvelles complications nécessitèrent le rappel du général Pouget, qui, le 6 mars, se mit en route avec sa colonne pour Constantine.
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Source: : Histoire de l’Insurrection de 1871 en Algerie, Louis RINN.