L’expédition du général de Saint-Arnaud dans les Babors (1851)
Le général de Saint-Arnaud avait fixé la ville de Mila comme point de réunion du corps expéditionnaire; les troupes rassemblées à la revue qu’il passa le 8 mai 1851, sous les murs de cette place, dans une plaine baignée par le Oued-Rummel, offraient un effectif de plus de 9,000 hommes, compris les cavaliers indigènes envoyés par Bou-Akkas, Ben-Achour, Bou-Rennan et Mohamed-ben-Azzedin, puissants cheiks nos alliés.
Elles entrèrent en campagne le 9, par un temps magnifique, et assirent le même jour leur camp sur les bords de l’Oued-Enja. Les contrées qu’elles eurent à franchir furent d’abord une succession de vallées, couvertes quelques-unes de belles cultures et de coteaux opposant trop souvent à leur marche l’obstacle de broussailles épaisses, hautes et parfois très-piquantes. La division atteignit le Fedj-Beïnen sans avoir brûlé une amorce; elle couronna cette hauteur des feux de son bivouac. La dernière partie de la marche avait rencontré, dans les mouvements très-énergiquement accidentés du pays, des obstacles beaucoup plus sérieux que ceux qui s’étaient présentés dans la matinée; on sentait que l’on avait entamé la région des montagnes et que l’on ne tarderait pas à se trouver en présence de l’ennemi. (suite…)
Les Ouled-Âthia de Oued-Z’hour : La révolte de Bou-Dali Ben El-Ahrache
Il y a quelque temps, les habitants du village de Taden, dans le douar des Djezia (Oued Z’hor), découvrirent, sous les oliviers qui avoisinent le village, un petit canon que les eaux de pluie avaient mis à jour en ravinant le sol. L’émotion fut assez vive chez les Ouled-Athia qui ne se connaissaient pas d’artillerie, et qui regrettèrent sans doute que la découverte ne se fût pas produite en d’autres circonstances, à l’époque où ils guerroyaient encore contre les Roumis.
Parmi les vieillards de la tribu, nul ne se souvenait qu’un canon fût resté enfoui sous les oliviers de Taden, à l’endroit le plus fréquenté pourtant de tout le territoire des Djezia. Aussi les racontars allaient-ils leur train ; et, l’imagination aidant, le canon défraya pendant plusieurs jours les conversations. On rendit compte à l’autorité, qui le fit transporter jusqu’à la plage de l’oued Zhour, où il fut chargé sur une gondole de passage à destination de Collo.
La pièce en question est en cuivre, et pèse 190 kil. Sa longueur exacte est d’un mètre ; son diamètre intérieur, à la gueule, de 0mll ; sa circonférence extérieure, la plus forte, un peu en arrière des tourillons., est de 0m74. Les anses sont brisées. Près de la gueule on remarque une petite figure en relief un peu fruste, qu’on serait tenté de prendre pour une fleur de lis. Les dimensions et le poids de cette pièce ne semblent pas indiquer que ce soit une pièce d’artillerie française, de celles du moins qui ont été en usage depuis l’occupation du pays. (suite…)
Hosni Kitouni : «Les attaques du 20 Août 1955 ont radicalisé la guerre»
Bien au fait de certaines facettes peu connues de l’histoire de la Révolution algérienne, Hosni Kitouni, fils de l’officier de l’ALN, Abdelmalek Kitouni tombé au champ d’honneur, revient dans cet entretien accordé au Jeune Indépendant, sur les évènements ayant motivé les chefs du Nord constantinois à entreprendre les offensives du 20 août 1955, offensives qui marqueront définitivement une rupture avec la révolution soft.
Le Jeune Indépendant : L’offensive du 20 août 1955 était-elle une démonstration de force du FLN quant à sa capacité de mener une guérilla ?
Hosni Kitouni : Il faut rappeler brièvement la situation des insurgés novembristes en cet été 1955. Il y a à peine 9 mois que l’insurrection a été déclenchée dans des circonstances politiquement défavorables au regard des divisions qui minent le mouvement national. L’OS, (l’organisation spéciale) qui devait préparer l’insurrection en rassemblant les armes et en formant des militants, a été laminé par la répression. L’initiative des 22 apparaît dès lors comme une audace extraordinaire. Rien absolument rien ne présumait de sa réussite compte tenu de nombre d’éléments défavorables au sein comme en dehors du mouvement national. (suite…)
La révolte de Bel-Ahrech contre le Bey Osman de Constantine – (1803)
Au commencement de la révolte de Bel-Ahrech
Un cherif marocain, nommé El-Hadj-Mohammed ben El-Ahrech (1), avait, vers le commencement du siècle, accompagné, en Orient, la grande caravane des pèlerins, dont le commandement lui était échu, de concert avec plusieurs autres personnages, ce qui lui avait valu le titré de Bou-Dali. Parvenus en Egypte, les pèlerins avaient trouvé le pays occupé par l’armée française (campagne de Bonaparte en Egypte) et la plupart d’entre eux s’étaient joints aux champions de la Guerre Sainte contre l’étranger. Notre cherif y acquit un grand renom par son courage et ses prouesses et fut employé par les généraux anglais. Comblé de cadeaux par eux, il reçut notamment, un fusil à trois coups, grande nouveauté pour l’époque, et il devait en tirer un grand parti.
En 1803, il est embarqué, avec une partie de ses compagnons, sur des navires anglais, afin de rentrer en Maghreb ; mais ses protecteurs le déposent, avec quelques-uns de ses hommes à Tunis ou à Bône, et il n’est pas téméraire de penser qu’il était porteur d’une mission, plus ou moins déterminée des officiers anglais. Il vint d’abord incognito à Constantine, afin de se bien renseigner sur les hommes et sur les choses du pays ; puis, il se lança dans les montagnes, atteignit Djidjeli, après avoir sondé le terrain sur sa route, et s’établit dans l’oratoire de Sidi-Zitouni ( Oued Z’hour). (suite…)
Gigelly, le 14 mai 1839: Extrait du rapport du chef d’escadron De Salles
De Salles à Valée, extrait du rapport du chef d’escadron de Salles, commandant l’expédition de Gigelly, au maréchal gouverneur général des possessions françaises dans le nord de l’Afrique .
Gigelly, le 14 mai 1839,
Je me suis rendu à Constantine pour faire connaître à M. le lieutenant-général Galbois votre projet d’occuper Gigelly et de menacer en même temps la vallée du Rummel. Après m’avoir donné ses instructions détaillées, il me chargea de diriger les pré paratifs qui se faisaient à Philippeville et de m’entendre avec M.le commandant de la marine à Stora, pour assurer le transport et le débarquement des troupes.
Le 12 mai, à huit heures du matin, l’expédition quitta la rade de Philippeville. Les troupes sous mes ordres se composaient du 1er bataillon de la légion étrangère, de 20 canonniers et de 50 sapeurs du génie. Le matériel mis à ma disposition consistait en deux pièces de 12 de campagne et deux obusiers de montagne. (suite…)
Séquestre sur les biens meubles et immeubles de 50 insurgés de diverses tribus du district de DJIDJELLY.
N. 295. — SÉQUESTRE — Liste nominative de 50 insurgés frappés de séquestre de diverses tribus du district de DJIDJELLY.
Vu l’arrêté du Chef du Pouvoir exécutif du 15 juillet 1871 :
Considérant qu’il résulte d’un état
fourni par le Général commandant la division de Constantine, que les indigènes du district de Djidjelly ci-après dénommés, ont pris la part la plus active à l’insurrection dans la Kabylie orientale de 1871, soit en excitant les tribus à la révolte, soit en dirigeant les contingents insurgés aux attaques de Djidjeliy, d’El Milia et de Bougie, et en participant avec acharnement à l’incendie et au pillage des fermes et établissements appartenant aux Européens, ou à des indigènes restés fidèles ;
Qu’ils se sont ainsi rendus coupables des actes de rébellion et d’hostilité prévus par l’art 10 de l’ordonnance du 31 décembre 1845 dont il y a lieu, dès lors, de leur faire application:Sur la proposition du Général commandant la division de Constantine ; Vu l’avis de la Commission instituée par notre arrêté du 7 juin 1871 ; Le Conseil de Gouvernement entendu :
ART. ler. — Sont frappés de séquestre. partout où ils sont situés et où ils pourront être ultérieurement reconnus en Algérie les biens meubles et immeubles appartenant aux indigènes ci- après désignés : (suite…)
Séquestre sur les biens de Braham ben Bou Soufa – Tribu Ouled-M’hemed
Séquestre. — Etat des immeubles séquestrés sur Braham ben Bou Soufa, cultivateur aux Ouled-M’hemed, caïdat d’El-Aouana, cercle de Djidjelli.
Considérant que le prévenu Braham ben Bousoufa a pris part activement à l’insurrection de 1871, et en exécution de l’ arrêté nominatif du Gouverneur général, du 1er décembre 1871, l’administration des Domaines, a pris possession des immeubles appartenant à l’indigène sus-nommé, situés dans la tribu des Ouled-M’hamed, Ferka-Am-Mezouren, dont la désignation suit: (suite…)
L’insurrection de 1871 à Djidjelli
(13 juillet-30 septembre.)
Lorsque El-Haoussine-ben-Ech-Cherif-Moulaï-Chekfa était venu le 20 juin 1871 prêter son concours au grand maître de l’ordre des Rhamanya, […]il avait été ébloui parla facilité avec laquelle les tribus s’étaient groupées autour de lui. […] quand Chikh-el-Haddad se fut livré au général Saussier, Moulaï-Chekfa se crut de taille et de force à prendre la direction du mouvement insurrectionnel, qui semblait devoir rester sans chef. Son lieutenant et ami Mohammed-ben-Fiala était plus intelligent : il ne partageait pas ces illusions ; mais, comme c’était lui qui avait lancé l’inconscient Moulaï-Chekfa dans cette aventure, il n’était pas homme à s’arrêter en route.
Il continua donc ses menées insurrectionnelles, que favorisait l’absence de troupes entre Collo, El-Milia et Djidjeli. Ces trois points restèrent ses trois objectifs de prédilection, alors que Moulaï-Chekfa, momentanément sous l’empire d’autres influences, aurait préféré agir dans les environs de Mila et du Ferdjioua. (suite…)
Beni-Oudjehane – El Ancer 1956 , le massacre oublié.
Au cours de cette journée du 11 mai 1956, tous les hommes du village de Oudjehane allaient être exécutés sans exception . Sur 300 habitants que comptait le village, il ne restait que les femmes et les enfants.
Cette histoire extraordinaire commence non loin d’El Milia, wilaya de Jijel, où un enseignant qui s’appelle Nour tient un blog sur l’histoire de la région. A travers ses recherches et les discussions avec ses concitoyens, il apprend que l’armée française a commis pendant la période allant de 1955 à 1957, dans un petit périmètre allant d’El Milia à El Ancer, des exactions qui dépassent l’entendement sans que les livres d’histoire ne les mentionnent.
Rapidement, un contact s’établit entre Nour et André, un ancien militaire de l’armée française appartenant au 4e BCP (bataillon des chasseurs parachutistes) qui tient lui aussi un blog sur le thème de la guerre d’Algérie et des anciens de la troupe. Dans leurs échanges, Nour questionne André sur les agissements du 4e BCP dans la région, mais leur dialogue arrive des fois à des impasses. (suite…)
Le 8 mai 1945 à Djidjelli – Par : Eugène Vallet
La petite ville de Djidjelli, dont la plage accueillante est, chaque année, le rendez vous de nombreux estivants, la cité aux rues larges et ombragées, n’a pas été à l’abri des remous hostiles, qui se sont manifestés un peu partout, en Algérie, et plus particulièrement dans le département de Constantine.
Comme ailleurs, en cette journée du 8 mai 1845, transformée en fête nationale par l’annonce officielle de la reddition de l’Allemagne, écrasée par les Alliés, la population française de Djidjelli s’était réunie sur la place principale, pour acclamer la Victoire. Elle saluait l’ère nouvelle qui s’ouvrait et devait assurer à la Patrie, avec un avenir de paix chèrement gagné, la possibilité d’un relèvement matériel et moral longtemps attendu.
Au point de vue indigène, Djidjelli est réputé comme l’un des points névralgiques de l’Algérie, et vient après Constantine et Tlemcen dans la nomenclature des centres où s’agitent le plus les passions antifrançaises refusant de désarmer.
Le 8 mai 1945, au matin, la population française de Djidjelli vit, avec étonnement, les abords de la mairie brusquement envahis par des milliers d’indigènes (3 à 4.000), formant des groupes porteurs de bannières offensantes pour l’autorité.
On lisait sur les banderoles : « Libérez Messali ! »« Vive l’indépendance ! », etc.
La manifestation, évidemment préorganisée, avait pris naissance à l’Oasis, point situé à environ 1.500 mètres de Djidjelli, et elle se présentait, menaçante, entourant les notables de la ville et poussant des cris divers.
Le programme officiel des réjouissances comportait la visite au monument aux morts. De la mairie, on pouvait accéder au monument soit par l’avenue Vivonne, soit par l’avenue Gadaigne. Ce dernier trajet est long de 500 mètres. Le premier de 300 mètres. La foule indigène, obéissant à un mot d’ordre, se précipita tout à coup sur la rue Gadaigne, pendant que les autorités empruntaient la rue Vivonne. Justement inquiète, la municipalité, la police d’État et la police départementale, responsables de l’ordre, firent suivre les manifestants par un détachement de Sénégalais, tandis qu’un autre détachement accompagnait le cortège officiel et prenait position au monument aux morts. (suite…)
Côte 88 : El Ancer – ( Janvier à Juillet 1956)
Témoignage d’un ancien appelé de la guerre d’Algérie..

Nous dominons la large plaine alluviale de l’Oued El Kebir et, au-delà, nous avons vue sur le Sud de la presqu’île de Collo qui passe pour un repaire de fellaghas. (suite…)
Lettre du Maréchal Bosquet : Chez les Beni-Amran (Djidjelli), le 21 Mai 1851
Les Beni-Amran sont la plus importante tribu dans les environs de Djidjeli. Nous sommes chez eux depuis le 19. Hier était notre deuxième jour de franche et bonne lutte; c’est ma brigade qui a eu l’honneur d’aller à eux, et je l’ai conduite à la française, corps à corps, au pas de charge. Le terrain et mes braves bataillons nous ont si bien servis, qu’il y a eu plus de quatre cents tués, tandis que la journée ne me coûte, à moi, que sept hommes.
Nous sommes rentrés au bivouac chargés des dépouilles et des armes de nos ennemis. Rentré sous ma tente, je me prends à songer à ces populations kabyles qui défendent si vigoureusement leur vieille indépendance, qui n’avait jamais été entamée.
Je trouve que la guerre est une abominable chose, quand j’entends, de loin, les plaintes et les cris de ceux qui relèvent leurs morts et leurs blessés, cris auxquels se mêlent les voix perçantes des femmes et des enfants. Que de veuves, que d’orphelins nous faisons depuis quelques jours pour achever la conquête, pour assurer à la France une gloire de plus, des ressources pour le trop-plein de sa population, enfin pour étendre les limites de la civilisation européenne. (suite…)
L’expédition des Babors (1851) : Rapport du général RANDON
Depuis longtemps l’attention du Gouvernement est fixée sur les montagnes qui bordent le littoral entre Dellys et Philippeville. Cette partie du pays était restée en dehors de notre autorité, alors que Sahara algérien, avait reconnu notre domination.
Le groupe de montagnes plus particulièrement connu sous le nom de Kabylie, est habité par une population belliqueuse, mieux armée et mieux organisée pour la résistance que les Arabes, parlant un langage différent, obéissant à des habitudes et à des mœurs qui lui sont propres. Sous le gouvernement turc, les Kabyles avaient toujours échappé à l’action des chefs qui administraient les tribus et jouissaient d’une indépendance complète sinon en droit, au moins en fait.
Les instructions adressées au gouverneur général de l’Algérie dès le 15 mars dernier, lui prescrivaient les premiers jours de mai, une colonne de huit mille combattants pour opérer dans le triangle montagneux compris entre Milah, Djidjelli et Philippeville. (suite…)
L’insurrection de 1871 à Djidjelli : Tableau chronologique
TABLEAU CHRONOLOGIQUE
DES PRINCIPAUX FAITS
DE L’INSURRECTION DE 1871 A DJIDJELLI
Le signe * indique un combat, un fait de guerre où l’action française a été engagée, soit par la présence de soldats ou officiers, soit par celle de caïds agissant comme agents de la France.
1871
- FÉVRIER 7. — Arrivée è Constantine d’un général administrateur.
- FÉVRIER 13. — Révolte des Ouled-Aïdoun.
- FÉVRIER 14. — * Attaque d’El-Milia.
- FÉVRIER 15, 16, 17. — * Continuation des coups de feu sur le bordj d’El-Milia.
- FÉVRIER 20. — Départ des troupes de Constantine pour El-Milia.
- FÉVRIER 21. – Télégramme d’Aumale, affirmant que Moqrani est en insurrection.
- FÉVRIER 22. — * Affaire d’Elma-el-Abiod; arrivée du général Pouget.
- FÉVRIER 24. — * Combat de Kef-el-Ghorab (suite…)
Mémoires d’un massacre : Beni-Oudjehane (El Ancer), 11 mai 1956
Le 8 mai 1956, du côté d’El-Milia, dans le Nord- Constantinois, une section de l’ALN s’attaque à une unité de l’armée coloniale sans faire de victime. Le 11 mai, jour de l’Aïd es-Seghir, l’armée coloniale procède à un ratissage auquel prendra part le 4e BCP stationné à El-Ancer (Jijel). Une jeune fille de Beni Oudjehane qui se dirigeait vers la source d’eau, est harcelée par un militaire qui, cherchant à abuser d’elle, s’est isolé de ses collègues.
Les cris de l’enfant alertent le père qui se précipite pour sauver sa fille des griffes de la bête. S’ensuit une rixe entre lui et le soldat. Les collègues de ce dernier rappliquent et tirent à bout portant sur le père. Ce dernier est mortellement touché, mais une balle de la rafale touche aussi le soldat. Les faits seront maquillés par le capitaine commandant le 4e BCP en une attaque menée par les villageois contre la patrouille. Ce jour-là, tous les hommes du hameau d’Oudjehane présents dans le douar, dont des enfants, seront froidement exécutés. Le bilan officiel est de 79 morts pour une population de 300 personnes. Pour haut fait d’armes, le capitaine commandant le 4e BCP est décoré de la croix de la valeur militaire ! (suite…)
Hosni Kitouni : Retour sur l’histoire d’El Hocine Moula Chekfa
Ce samedi après-midi (04 mai 2015 ), la salle de conférences était bien pleine de monde venu écouter Hosni Kitouni, invité par l’association des gloires du passé et du patrimoine de la wilaya de Jijel qui a organisé cette rencontre en collaboration avec l’APC de Chekfa. Le thème retenu parlait d’un illustre «rebelle» de cette région de Chekfa, en la personne d’El Hocine Moula Chekfa, qui a mené en compagnie de son cousin Mohamed Ben Fiala une insurrection en 1871 dans la Kabylie orientale (qui va de Ziama Mansouriah aux mont de l’Edough). Avant d’entrer dans le vif du sujet, le conférencier, qui a consigné ses travaux dans un livre1, est revenu sur l’histoire de la région de Jijel, cette Kabylie orientale, la terre des kabaïles El Hadra (en référence à la civilisation et l’urbanité), berbères arabisés par opposition, a-t-il précisé, aux kabaile Ennighass (Grande Kabylie), réputés totalement berbérophones. (suite…)
Siège du Bordj d’El-Milia (14 Février 1871) – Par : Georges Gasc
SIÈGE DU BORDJ D’EL-MILIA
(Journal de Georges Gasc, le 25 lévrier 1871)
Depuis le mardi 14 février, nous sommes assiégés dans le Bordj par les tribus révoltées. Nous attendons sans cesse l’arrivée d’une colonne qui doit nous délivrer, car nous sommes trop peu nombreux pour sortir et venir à bout des insurgés: nous nous défendons dans nos positions; et je puis vous jurer qu’ici on ne capitule pas !
[…] Les causes de l’insurrection sont, cette fois, la vieille haine de race toujours profonde chez les Arabes.
Les marabouts leur ont prêché la guerre sainte, leur affirmant qu’il n’y avait plus de Français et qu’ils viendraient facilement à bout des quelques moucherons d’El-Milia. (suite…)
Séquestre sur les biens de Saïd ben Younès, ancien caïd des Beni-Caïd
ARRÊTÉ. Séquestre sur les biens de Saïd ben Younès, ancien caïd des Beni-Caïd, compromis dans l’insurrection de 1871.
N. 221. – SÉQUESTRE. — Etat des immeubles séquestrés sur Saïd ben Younès, cultivateur, ancien caïd des Beni-Caïd, et situés dans la fraction des Ouldja, tribu des Beni-Caïd, district de Djidjelli.
– En exécution de l’arrêté de M. le Gouverneur général, du 1er décembre 1871, inséré au Moniteur de l’Algérie du 3 du même mois, l’administration des Domaines a pris possession des immeubles dont suit la désignation appartenant à, l’indigène sus-nommé.
- Une maisonnette en pierres, couverte en tuiles, avec son emplacement d’une contenance de 08 c.
- Un gourbi recouvert en chaume, avec son emplacement et le terrain qui l’entoure, d’une contenance de 5 a. Ces deux immeubles sont situés au lieu dit Bled-Tahar. (suite…)
Séquestre sur les biens de Hocine Moulay Chekfa
ARRÊTÉ. qui frappe de séquestre les biens de toute nature des indigènes compromis dans l’insurrection de 1871.
Séquestre. – État des immeubles séquestrés sur les sieurs :
– Si El Houssin ben Si Ahmed ben Cherif Moulay Chekfa ;
– Si Belkassem ben Si Ahmed ben Cherif Moulay Chekfa ;
– Si Amer ben Si Ahmed ben Cherif Moulay Chekfa, indigènes de la tribu des Beni-Ider, district de Djidjelli.
En exécution de l’arrêté de M. le Gouverneur général. du 1″ décembre 1871, inséré au Moniteur de l’Algérie du 3 du même mois, n° 287, l’administration des Domaines a pris possession de parts et portions indivises appartenant aux indigènes sus-nommés dans les immeubles dont suit la désignation (suite…)
DAKHLI Mokhtar dit « EL-BARAKA »
Dakhli Mokhtar dit « EL-BARAKA », est né le 02/12/1929 à Chekfa ( Taher). Militant du PPA (1945 – 1954), responsable de zone à 28 ans, il a livré à l’ennemi de nombreuses batailles qui firent de lui, et font toujours, un héros dont le souvenir demeure vivace dans les esprits de ceux qui ont vécu cette époque. Il est tombé au champ d’honneur au cours de la célèbre bataille de Dar Saddam le 19 septembre 1957.
Extrait du Livre : Qu’elle était belle la révolution !
Auteur : Ali BOUDJEDIR (suite…)
El-Houssine-Ben Ahmed Moulaï-Chekfa
Au XVIIe siècle, un taleb, Marocain et chérif, Sidi-Mohammed-el-Abid, arriva sur une barque, chekfa, s’échouer à l’embouchure de l’Oued-el-Kébir, chez les Ouled-Chebel des Beni-Hbibi. — (La tradition dit aussi qu’il arriva sur une natte lui servant de barque.) Sur ce point, il fonda une mosquée où est encore son tombeau. Ce chérif, seigneur de la barque, Moulai chekfa, fut l’ancêtre d’une famille, qui, plus tard, se fixa aux O. Amor des Beni-Ideur.
Un de ses descendants, Sidi-Abdallah, remit la barque à flot pour aller à Alger combattre les infidèles lors de l’expédition d’O’Reilly (1775) ; son intervention miraculeuse entraîna, — selon la légende, — l’échec des Espagnols. A son retour, il fut comblé d’honneurs par les Turcs, et sa zaouïa devint un lieu d’asile célèbre, où se réfugièrent des beys et de hauts personnages en disgrâce. (suite…)
La résistance de Moulay El Chekfa – 1871
La résistance menée par Moulay El Chekfa est considérée comme l’un des maillons du combat mené contre le colonialisme français et sa politique en Algérie, basée sur la répression et l’injustice. Cette politique avait engendré une réaction très violente de la part du peuple algérien concrétisée par les résistances, les révoltes et les insurrections qui avaient marqué la période du dix neuvième siècle parmi lesquelles la résistance de Moulay El Chekfa (1871) dans la région de Jijel et ses environs. (suite…)
Apposition du séquestre sur le territoire des tribus du cercle de Djidjelli, d’El-Milia et des Babors
Sont ou seront frappés de séquestre les biens de toute nature, collectifs et individuels, des tribus et des indigènes qui auront commis ou commettront les actes d’hostilité déterminés par l’art. 40 de l’ordonnance du 31 octobre 1845 ; Considérant qu’il résulte des renseignements recueillis, que les tribus des Beni-Âhmed, Beni-Amran-Djeballah, Beni-Amran-Sefia, Beni-Khettab, Beni-Mehammed, Ouled-bou-Beker, Beni-Kaïd, Ouled-Belafou et Beni-Siar, situées dans le cercle de Djidjelli; ont pris une part active à l’insurrection de 1871 ; qu’ayant la ville de Djidjelli pour appui ces tribus auraient pu, si elles l’eussent voulu, résister efficacement aux insurgés qui ont propagé la révolte chez elles ; et que, malgré leurs relations anciennes avec les Européens, elles ont montré le plus grand acharnement pendant les diverses attaques dirigées contre la ville. (suite…)
L’insurrection de 1871: La révolte des Ouled-Aïdoun (El Milia)
Par: LOUIS RINN
[…] Il y avait eu, en effet, le 14 février 1871, à vingt lieues en aval de Constantine, une prise d’armes plus dangereuse que celle de Souq-Ahras, en ce sens que, cette fois, c’était une tribu entière qui s’était soulevée et était venue bloquer un fort français. A cette nouvelle, le général Lallemand avait quitté Alger et était arrivé à Constantine pour se rendre mieux compte de la situation.
..A vrai dire, il n’y avait eu ni mot d’ordre d’un chef politique ou religieux, ni revendication sociale, ni protestation contre un acte quelconque de l’autorité locale : l’explosion avait eu lieu subitement, sans cause connue; et c’était cet inconnu qui inquiétait le plus… »
[…] notre action directe sur ces tribus ne s’exerçait que depuis 1860, année où on avait construit le bordj d’El-Milia afin d’y installer un bureau arabe annexe chargé de surveiller les tribus des Ouled-Aïdoun, Mchate, Beni-Tlilène, Beni-Khetab et O. Aouat.